Jean-Marc Parisis
@jeanmarcparisis
Écrivain. Nouveau roman : "Prescriptions" (Stock).
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11-08-2024 16:17:50
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Comme il ne savait pas dessiner, il inventa un trait. « Je dessine le pire parce que j’aime le beau. » Le pire, ce qu’il observait, pressentait. Le beau, ce qu’il créait, imaginait. Reiser aurait eu 84 ans aujourd’hui. Il n’en passa que la moitié sur Terre. Il manque doublement.
Sans Henry James né il y a juste 182 ans, on aurait raté le jeune con friqué du "Gant de velours" : "Il représentait, dans son intégrité véritable, la vie vécue dans une joie irraisonnée, et parvenue au plus haut degré de la sécurité organisée et de l'insolence inconsciente."
En 87, je demande à Blondin un texte pour une plaquette. Au Rubens, son bar, il promet 6 pages par semaine. Rien pendant 2 mois. Un jour, il me tend des pages de cahier d’écolier manuscrites… Picorées dans "Monsieur Jadis" et "Ma vie entre des lignes". Il s’était singé en hiver.
De H., on peut dire, comme Gregory Mion d’un autre auteur, que le Capital lui a permis "de transformer la masse atomisée en débitrice par rapport à son écriture qui n’a pas la moindre valeur", à part une habile promotion du rien. Ce que j'appelle une "littérature de répression".
Cette aporie si bien synthétisée par Jean Montalte, on pourrait peut-être en sortir par un soin complet de la psychonévrose nationale "droite/gauche", libérant par le haut ce qu'Antonin Artaud appelait la "vraie culture", soit un "moyen raffiné de comprendre et d'exercer la vie".
La scène du gigot, sommet des effets de réalité de Sautet. En explosant, Piccoli bouffe une partie de sa réplique. Un autre réalisateur aurait jeté la prise et l’aurait refaite. Pas Sautet, qui sait qu’au cinéma de la vie, quand on disjoncte, on bafouille à en devenir inaudible.
Dans les années 80, auteurs et éditeurs guettaient la chronique de Rinaldi dans "L’Express". Érudite, stylée, rude, elle lançait ou brisait un livre. La critique restant un art, nul n’attend plus rien désormais des pauvres diables qui y pullulent. Avvèdeci, Angelo. 📷F. Ferville
Je pense aux maçons, aux couvreurs, avec qui je bossais sur des chantiers quand j’étais étudiant. Des profs de vie. Habiles, vaillants, ils se mesuraient à la pierre, à l’outil, aux intempéries, pour tenir la belle promesse d’un toit, d’une maison. Hommage aux gars du bâtiment.
Le moral dans les chaussettes et la machine en grève, W.F. prend le soleil à témoin du harcèlement des scénaristes à la Fox (peut-être sur "The Road to Glory" de Hawks). Rien à voir avec la partie de plaisir d’"Absalon, Absalon !", tapé confiné dans son bureau, en veston-cravate.
Patsy O’Hara et Raymond McCreesh, combattants républicains irlandais, décédés le 21 mai 1981 à la prison de Maze après 61 jours de grève de la faim. Thatcher leur refusait le statut de prisonnier politique. Elle avait tort. Politiques, ils l’étaient, à en mourir, à 23 et 24 ans.
