Sur la mer ce matin,
un voile de brume
aussi léger
qu’un battement de cil
La proue d’un bateau au loin
creuse le silence orphelin
des goélands partis
rejoindre quelque naufrage
Brisure du temps,
souvenirs éparpillés
sur le tapis du salon,
encore du sable sous les dents
(2019)
Rien vraiment ne bouge
quand la pluie prend les pensées
Pas même l’onde des flaques
quand sautent des bottes d’enfants
Seuls quelques craquements
dans la respiration des vieux meubles
Seuls quelques mots vagabonds
dans le passage des ressassements
Mais rien vraiment ne bouge
Tu connais le pas lent des jours,
ce mouvement oublié puis reconnu.
L’ennui passe, fait la roue, paon
à plusieurs têtes, à l’encolure
multicolore mêlant mélancolie et joie.
Comme si quelque chose plus loin
te continuait sans être tout à fait toi.
On a beau voir le ciel
charger les trous de lumières
tour à tour vives et pâles
pour enfin malaxer et éclore
c’est toujours l’espace blanc
ce rien entre deux nuages
ce vide entre deux pensées
qui fait la beauté d’un regard
(2021)
Celui-là, avec sa vertu, il branle ses vices.
*
Ma vie : Traîner un landau sous l'eau.
Les nés-fatigués me comprendront.
*
A huit ans, je rêvais encore d'être agréé comme plante.
Henri Michaux, Face aux verrous
Il y a des jours comme ça
où l’on voudrait juste caresser
le vent qui passe sur les nuages.
Faire glisser nos doigts
dans leurs cheveux fous,
pour calmer le ciel
et ses atermoiements.
Mais voilà quelque angoisse
nous impose ses règles,
nous laisse croire
qu’on ne sait pas voler.
Mon œil suit les mouvements du vent
Lequel soulève un drap qui ne tient
Qu’à un fil et ressemble alors à un cœur
Ou à un poumon dont on fête le battement
Premier, mon œil sur cette petite histoire.
La cour joue avec la poussière comme si elle découvrait le vent.
Sur la corde à linge les draps, balayeurs de fin de course, agitent leurs drapeaux.
Il n’est que midi, j’écris pour sauver ce qui reste d’oiseaux dans ma tête.
(2021)
Le jour a de gros manques.
On le voit remballer ses espoirs
dans un sac à grains de meunier.
Rien ne doit se voir : masquer
comme fin de non-recevoir.
Il faudra replier toute ambition,
attendre le calme du soir
en ses poches de coton.
Et demain, vider le sac.